Dans la fraternité de mes frères

Mona Azzam

Éditions Balzac

Contemplerai les choses éternelles dans l’altitude de tes yeux

J’ai voulu un vers de Léopold Sédar Senghor pour continuer ce titre magnifique(issu des Éthiopiques), il n’est pas tiré de la même poésie, mais je trouve que l’association montre ce que Mona Azzam souhaite au plus profond d’elle-même.

Elle nous propose un autre regard, à Sant’Angelo la famille Maronti vit de la pêche de génération en génération. Elle est composée de la Nonna octogénaire vaillante et pudique du dernier des fils Luigi veuf et du jeune Acillio dix ans qui ne sera pas pêcheur.

Les adultes sont taiseux et d’une pudeur extrême « Les Maronti ne pleurent pas » ils sont naturellement solidaires.

Seul Acillio sait lire, il vit son enfance en liberté jusqu’au jour où il risque sa vie pour un trésor découvert lors d’une plongée risquée qui a laissé son père et la Nonna sidérés par la peur.

Ce trésor est si fabuleux qu’il va déterminer la vie d’Acillio, il sera archéologue.

La grand-mère le verra de l’au-delà.

Un petit coffre la photo d’un jeune noir et neuf rouleaux de papier.

Découvrez l’histoire de Venerdi, Domenica et tant d’autres, représentants d’un monde où l’esclavage était presque une norme.

Des voix s’élèvent qui disent que désobéir ce n’est pas naturel pour tous.

« Mais mes bourreaux ont fait de moi un bourreau passif. Je n’ai pas eu le choix. C’est eux, les maîtres. Et moi, l’esclave. Je n’ai pas eu le choix. J’ai obéi. Comme un esclave obéit à son maître. Sans rechigner. Je me rebelle ici même. Ces mots que tu lis ne sont autres qu’un acte de rébellion. La plus grande insurrection, de mot en mot, de phrase en phrase, de paragraphe en paragraphe…de page ne page. »

En ligne de mire, faire œuvre de mémoire.

Surprenante Mona dans la construction, l’articulation de son roman, fidèle dans ses valeurs qu’elle véhicule avec pugnacité.

Elle rêve d’un monde sans esclaves, d’aucune sorte, un monde de valeurs humanistes et elle n’est pas la seule.

Son roman résonne de cette musicalité douce résignée puis révoltée, en alternance, toujours traversé d’éclairs déchirant le noir du ciel et frappant au cœur de l’humanité la plus simple, la plus essentielle, celle de l’équité.

« Tu dois te demander, toi qui me lis, comment l’on fait pour survivre quand on est esclave ; quand on est dominé. Comment on fait pour ne pas se révolter. Comment on fait pour continuer à vivre, malgré tout. Sache que l’on ne se pose pas de questions. Un esclave obéit. Un point c’est tout. »

L’équité passe par l’éducation et la connaissance, les valeurs véhiculées sainement, nous sommes loin très loin de cela aujourd’hui la littérature est un vecteur essentiel pour cela.

« Les racistes sont des gens qui se trompent de colère »

Merci Mona de ce plaisir de lecture toujours doublée de cette réflexion tellement nécessaire. Rêvons tous d’un monde de soleil.

©Chantal Lafon

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