Nomades Mona Azzam

Editions Vibration

Je vais à nouveau m’émerveiller sur l’écrin que cette maison d’éditions offre à ses textes.

Le choix d’une couverture de qualité par son grain et son esthétique, son marque-page original, une mise en page qui renforce l’écrit.

Ici tout particulièrement, le texte est découpé en quatre actes et ceux-ci scandés en séquences, qui se terminent en citations qui donnent le clap de fin et offrent aux lecteurs une vision.

Mona Azzam, creuse son sillon, celui des mots et de la liberté qu’ils offrent, surtout pour tous ceux qui au départ sont loin de ce moteur.

Henri Calet écrivait : « ce n’est pas ma faute, si en écrivant, mon stylo se transforme en scalpel. »

Adama, n’est plus l’enfant de 13 ans, qui a vu sa vie chamboulée, par l’obstination de sa mère, qui a décidé seule qu’il devait être éduqué.

« Toi, Adama, tu iras à l’école. L’école c’est la liberté. Lire et écrire, c’est la liberté. Toi, Adama, tu seras libre. Libre de quitter le désert, d’écrire le désert, de lire le désert. »

Il va quitter le désert, son père Moussa et ses trois petits frères.

Lui l’enfant Peul et nomade, fier de cet héritage, ne voit pas pourquoi il doit partir.

Ces quelques années d’études, loin des sien est le prix à payer.

Lorsqu’il reviendra, diplôme en poche, la situation géoponique aura eu l’effet d’une déflagration, seul sa mère et un frère auront survécu.

Sa mère, cette femme forte, qui avait décidé pour lui ses études, va l’adouber chef de tribu, puis décider de son mariage.

Et Adama va subir.

Je ne vous en dirai pas plus.

C’est une mélopée que vous entendrez accompagnée du son si singulier du tam-tam.

Une femme du désert qui n’a pas les mots mais veut que sa tribu, son peuple, vive et que la mémoire soit inscrite dans chaque grain de sable du désert.

Le poids des traditions, est omniprésent dans ce destin, il revient comme un son répété, encore et encore, ce tam-tam lointain dans la nuit de cet immense désert.

Ce sage proverbe Peul : « Il faut creuser les puits aujourd’hui pour étancher les soifs de demain. » dit tout de l’immensitédes chantiers à entreprendre pour préserver la mémoire des peuples et évoluer également.

Mona Azzam, a su parfaitement donner à ses mots, ce chant intemporel, ces images si vivantes, qui disent la vie par-delà les continents.

J’ai vibré au rythme de ce tempo venu de la nuit des temps.

J’ai oscillé avec ce désir viscéral de préserver les traditions et la tentation s’aller vers autre chose, avec d’autres moyens de préservation.

J’entends le désert et ces mots vont m’accompagner.

Adama Peul et nomade a inventé le nomadisme de l’écriture et c’est son écho qui se répercute dans cette onde intense qui va vous vriller le cœur.

©Chantal Lafon

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