La noce d’Anna Nathacha Appanah

Editions Folio

Le tourbillon de la vie !

Notre langue française est belle et si subtile, l’auteur sait en faire bon usage, ce titre vous dit La noce et non Les noces d’Anna, la lecture vous éclairera sur cette virtuosité.

La noce est une partie de plaisir et les noces sont les festivités qui accompagnent un mariage.

Vous allez vivre une journée de Sonia et d’Anna.

Sonia, quadragénaire bohème est la maman d’Anna, 23 ans, qui se marie avec Alain.

Ces deux femmes semblent être à l’opposé l’une de l’autre, mère bohème, fille bourgeoise.

Le lecteur ressent la distance entre les deux.

La mère a élevé seule sa fille, car le papa a suivi un autre trajet, ils se sont aimés, mais il est parti pour suivre le chemin pour lequel il avait œuvré. Quand Sonia a découvert, après son départ, qu’elle était enceinte, elle a fait le choix de ne pas le recontacter.

Maman solo, elle a tout assumé, sans renier ce qu’elle était mais en se corsetant pour ne plus avoir de vie sentimentale, pas envie d’immiscer un homme dans la vie de sa petite fille.

« Anna. Ma grande fille, mon enfant unique. Que j’ai élevée maladroitement parce que ces choses-là ne sont pas dans les livres que je lis et que j’écris. Anna, ma fille qui me ressemble un peu je crois, elle a mes cheveux noirs et épais qu’elle laisse pousser jusqu’aux omoplates et quand, le soir, elle les tourne autour d’un crayon, je sais que ce geste-là nous appartient. »

L’annonce de ce mariage, va rompre les digues du souvenir et des interrogations du choix d’une vie.

La distance entre les deux femmes est-elle réelle ? Qui de la mère ou de la fille est à l’origine de cette distance ?

Les femmes ont une certaine idée de ce que doit-être une maman solo, mais doit-elle tout sacrifier ?

Ces interrogations rythment le livre, et nous sommes Sonia et aussi Anna, elles disent les peurs, les charges à assumer, mais aussi les petits bonheurs et les grandes joies…

J’ai aimé suivre ces méandres et me suis souvent reconnue dans ce cheminement.

« Tout le flou de ma vie est contenu là, dans cet instant précis où mon corps entier veut rester dans l’ombre mais je ne veux pas l’écouter, je ne peux pas l’écouter. Comme un panier de linge sale que je ne veux pas voir, je tasse les regrets, je tasse les remords, je tasse l’envie, je tasse, je tasse, je tasse, je ferme les yeux, je ferme les oreilles, je ferme la bouche, je ferme le sexe. »

J’ai une passion pour l’écriture de Nathacha Appanah, qui a la grâce, qui travaille le fond et la forme, avec pugnacité pour justement utiliser les subtilités de notre langue.

Elle sait dire crument les choses mais dans une langue d’une richesse et d’une beauté qui m’éblouie à chaque livre.

Des mots comme des notes de musique, qui vous bousculent, vous bouleversent et vous étreignent dans un même mouvement.

Nathacha Appanah trempe sa plume dans l’encrier de la vie.

©Chantal Lafon

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer