La fauve Yvan Robin

Éditions Lajouanie

Si tu cours dans une meute, même si tu ne peux pas aboyer, remue la queue

Montcalme un trou de campagne, dit zone blanche, car tout le monde a un portable mais ne peut s’en servir que lorsqu’il sort de ce trou.

Une bande d’hommes, des purs et durs, de ceux qui exercent leur force sur plus les faibles, femmes, enfants et migrants sans papiers.

Leur culture, en dehors des terres de moins en moins cultivables, faute de repreneurs, est faite d’un ramassis de préjugés. Ceux-ci forment le matelas de leur bonne conscience, car il faut bien trouver une bonne raison à la création de ce Comité de vigilance citoyenne.

« La peur, entretenue grâce à une perfusion télévisuelle constante, orientait chacune de ses décisions. La peur de l’autre. La peur de manquer. La peur de l’abandon. De la maladie. De la mort. Du mauvais sort. Du mauvais coup. »

Comme dans tout village il y a un idiot mais au fur et à mesure de l’histoire, le lecteur s’interroge.

En tête de ce comité Lionel, employé de mairie, qui a de hautes ambitions, ce n’est pas un homme, juste de la haine sur pattes. Il est épaulé par le médecin, l’instituteur et le seul agriculteur survivant. Des épis de blé ont disparu et c’est la guerre, ils courent tous après l’étranger : Souleymane caché dans les bois. Bois qui a sa propre légende celle de La Fauve, bête qui rôderait depuis des siècles.

Mais en quelques heures c’est la descente aux enfers.

Yvan Robin mène ses lecteurs par le bout du nez en un récit rapide comme un précipice, précis dans un vocabulaire travaillé, en images et dialogues justes, il n’en rajoute pas , la curée est déjà assez sanglante.

La révolte des femmes était en sommeil, mais je ne pense pas qu’ici elle soit « l’avenir de l’homme ».

« Les femmes, d’ailleurs, en nombre, contribuaient à la perpétration de l’injonction. Il n’y avait pas d’alternative, Blanche se devait d’éprouver du désir, ou de feindre. C’était la moindre des politesses. »

Les éditions Lajouanie nous disent « Roman policier mais presque… » c’est dans ce presque qu’est caché le sel de l’histoire qui vous précipite dans les abymes, et vous interroge néanmoins sur un monde qui se dessine et dont vous ne voulez surement pas.

Si je devais définir ce roman en une seule phrase je dirais que Yvan Robin a réussi un brillant strike à vous donner le tournis.

Merci à Masse Critique de Babelio et aux éditions Lajouanie pour ce privilège de lecture.

©Chantal Lafon

3 commentaires sur « La fauve Yvan Robin »

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