Les chemins d’exil et de lumière

Céline Lapertot

Éditions Viviane Hamy

Osez la lumière

Il ne va pas être facile de vous dire combien ce livre m’a cueilli en plein cœur et en pleine conscience.

La quatrième de couverture nous dit qu’il est inspiré de la vie d’une des élèves de Céline.

Dès les premiers mots, j’ai eu le sentiment de regarder une médaille dont l’avers serait le portrait de Céline et le revers celui de Karelle. Entre ces deux femmes il y a une osmose, une force, une bienveillance et une humanité qui sont communes à leur chemin.

Le Congo est en guerre et la menace d’enlèvement d’enfants pour faire pression est de plus en plus prégnante.

La famille Dia doit agir, Pharel le père d’origine ougandaise est militaire, Gisèle la mère est congolaise. Karelle leur fille n’a que huit ans.

Giselle et Karelle vont partir pour la France, pays des droits de l’homme, pays des Lumières, la mère y a un contact, et elles devraient bénéficier de l’asile politique.

Oui, mais…

Ce qui les attend, c’est le sordide, l’indifférence, c’est une négation de leur existence et bien d’autres infamies.

France, terre d’accueil ?

Accueillir dans quelles conditions ?

Mais cette petite fille ne lâchera rien, sa mère se débat chaque jour, d’un logement insalubre à un autre.

L’école c’est cette bouffée d’oxygène, Karelle est intelligente, volontaire, elle aime lire et cela lui permet de s’évader un peu de cet enfer.

Mère et fille sont anéanties quand elles reçoivent l’OQTF.

Des années de bataille s’engagent car pas question de baisser les bras.

De l’écriture sublime pulse une énergie hors du commun, elle va jusqu’à être olfactive (on le regretterait presque), épidermique, elle épouse les battements de cœur de l’auteur, de l’héroïne et du lecteur. Car la lecture fait que nous sommes dans le même cercle.

De cette misère infligée, de cette crasse immonde, de cette peur de chaque instant vont naître des mots.

Des mots dans un concours d’éloquence, qui a la saveur de l’intelligence et d’un regard sur le monde réjouissant (à la fin de l’ouvrage il est en intégral). Il y a bien évidemment le talent mais aussi un travail de titan.

Karelle s’interroge sur son avenir, une seule certitude, les mots seront la base de la voie qu’elle choisira.

Pour Céline et Karelle, les mots sont un sceptre, cette autorité souveraine qu’elles ont arrachée à la vie.

Les mots sont en lutte, pied à pied, corps à corps. Ils affrontent toutes les peurs et plus encore.

Dans le chaos y a-t-il une lumière sans la chance des rencontres ?

Un livre brillant, sa construction magnifique va crescendo vers la lumière. Le titre si explicite, l’exil au sens strict mais pas seulement, on peut être en exil de sa famille sans quitter son pays.

La force, celle insoupçonnable, cachée au plus profond de soi, il faut aller la chercher, la travailler, l’apprivoiser avant de pouvoir en faire une arme d’autant plus efficace qu’elle est pacifique.

Pour terminer un mot clignote comme un phare dans la nuit d’une mer en furie : DIGNITÉ.

« Ce mot qui brûle, ce mot qui fait se relever.

Ce mot est le plus fort et le plus juste que le langue française recèle en son sein : la dignité. Il fait se lever le soleil chaque matin, quand on arrive plus à se promettre l’aube […]. »

Merci à Masse Critique Babelio et aux éditions Viviane Hamy pour cette lecture.

©Chantal Lafon

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer