Capucine mène la danse

Dentelles, cercueil et thé au jasmin

Jeanne Faivre d’Arcier

Éditions Moissons Noires

Vaudeville mortel

Capucine, la trentaine, jolie blonde faisant tourner la tête des hommes est marié à Baudoin.

Baudoin voyage pour son travail et se prépare à partir à Bruxelles pour une conférence très importante.

Couple disparate mais Capucine a ses raisons pour avoir épousé cet homme-là.

« L’enthousiasme des premiers émois dissipé peu après les noces, elle avait compris que l’homme qu’elle idéalisait parce qu’en l’épousant il lui avait, sans le savoir, apporté sécurité financière et affective qu’elle n’avait jamais eue, était en réalité un goujat égoïste dont il lui fallait museler les penchants sadiques par la ruse et une soumission feinte. »

Alors, lorsque son téléphone sonne et qu’au bout du fil le directeur d’un hôtel cinq étoiles à Arcachon lui annonce que son mari est mort, c’est le choc.

Miranda et Véra ses deux amies, vont la soutenir dans cette épreuve. Parfois le soutien est limite et le lecteur se demande si elles ne vont pas enfoncer davantage Capucine dans cette situation glauque.

Capucine ne croit pas à l’AVC, persuadée que son mari a été assassiné.

Mais elle est seule à croire à cette hypothèse.

Non seulement Capucine est veuve, mais elle ne comprend pas ce que son mari faisait à Arcachon.

Très vite la réalité la rattrape. Son seul héritage est une somme stratosphérique de dettes. Et ce n’est pas avec les revenus de sa boutique « Lili la Vamp » qu’elle va pouvoir vivre. De plus l’appartement parisien luxueux qu’elle habite dans le 17e , quartier bobo chic, va être saisi.

C’est la descente aux enfers car la rue elle connait.

Miranda va lui présenter Valentin, avocat d’affaires retors et très mystérieux.

Autour de la jeune femme, en plus de ses amies, il y a un cartomancien, un ventriloque, enfin tout un monde interlope.

Bien évidemment, dans ce roman bien différent des autres livres de l’auteur il y a un chien, ici c’est Gustave, un magnifique Leonberg mais aussi un clin d’œil au petit Ripou.

Les péripéties qui s’accumulent à une vitesse folle ne vous laissera aucun répit.

Les personnages ont des caractères forts, des physiques aussi très présents, les deux copines sont sous régimes permanents, comme d’autres seraient sous emprise.

Le langage fleuri, les tenues vestimentaires extravagantes, font que ce petit monde ne passe pas inaperçu alors qu’elles enquêtent pour déjouer les menaces qui planent.

Les personnages secondaires sont eux aussi pittoresques et pas si secondaires que cela.

L’auteur dose savamment la gradation et l’accumulation progressives des situations et des retournements, pour faire de son histoire une enquête irrésistible. En effet c’est très visuel et les dialogues ne peuvent que vous faire pouffer de rire, tant ce petit monde est déjanté.

C’est une mécanique bien huilée, argot et jurons , en sont la petite musique, les formules font mouche, le ridicule ne tue jamais, l’énergie est omniprésente, on joue avec vos nerfs avec une belle aisance.

C’est un changement de registre très réussit.

N’hésitez pas à entrer dans la danse vous ne regretterez pas le voyage.

Merci à Jeanne et aux Moissons Noires pour ce privilège de lecture.

©Chantal Lafon

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