Le pays de rêve

Un conte initiatique sur l’injustice du monde

David Diop

Éditions Rageot

Si la fraternité nous était contée

David Diop n’a pas besoin de noircir des pages et des pages pour nous conter un continent où la misère n’est pas moins pénible au soleil.

Une toute jeune fille, Rêve, vit avec sa grand-mère qui l’enlaidit et la cache, ne la laissant sortir que la nuit.

Orpheline, Rêve dont les parents ont été massacrés par des soldats désœuvrés, a reçu pour seul héritage sa beauté et sa dignité.

Sa grand-mère veut la protéger d’un monde cruel, elles sont fusionnelles mais Rêve grandit.

Quel avenir pour cette jeune fille ?

Un pays au milieu d’un continent dont les pays riches font une décharge à ciel ouvert, est-ce comme cela que les hommes vivent ?

Une montagne de vêtements en putréfaction pour horizon.

« Pour se vêtir, c’était à la décharge-montagne, amoncellement vertigineux d’habits pulvérulents couvrant le sable de la plage et cachant la mer à l’ouest. La vie de Rêve et de sa grand-mère se passait à convoyer des détritus depuis des décharges à ciel ouvert jusqu’à leur cabane-poubelle hérissée de fils de fer rouillés. »

Cette métaphore des vêtements pulvérulents symbolise la décadence d’un monde où les liens entre les hommes sont eux-mêmes en déliquescence.

Alors comment ne pas rêver d’un ailleurs meilleur ?

En peu de pages tout est dit pour les jeunes et les vieux qui ne veulent pas se voiler la face.

David Diop ne nous parle pas statistiques, il fait le portrait d’une jeunesse broyée par un monde inhumain.

Il place au cœur de ce conte cruel et lumineux l’être, la fragilité d’une vie en construction, d’un pays qui n’a d’autre horizon que celui d’un océan à traverser.

Un texte aussi bouleversant que puissant et comme je crois éperdument au pouvoir de la littérature je ne doute pas que ce conte voyagera dans les esprits éclairés par le cœur.

Une écriture belle avec la sensibilité de celui qui sait voir et écouter.

Un proverbe africain dit : « Ce n’est pas l’oreille qui écoute mais le cœur. »

Je souhaite que ce conte atteigne sa cible.

Merci à Masse Critique Babelio et aux éditions Rageot pour ce privilège de lecture.

Cette magnifique couverture de Kebba Sanneh habille parfaitement ce conte.

©Chantal Lafon

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