Le trésor de Sunthy Arnaud Friedmann

Editions Lucca

Je remercie les éditions Lucca et Masse Critique Jeunesse Babelio pour cette découverte.

Garance Tran a 14ans et 7 mois, sa meilleure copine s’appelle Margaux et Corentin est le trublion qu’elle connaît depuis la sixième.

Tout part d’une plaisanterie de ce dernier sur le prénom Garance qui dit-il fait « bourge ».

Au diner familial Garance interroge ses parents, père médecin généraliste et mère psychiatre. Effectivement elle appartient donc à la moyenne bourgeoisie si l’on se réfère aux déciles fiscaux.

Le grand-père de Garance est hospitalisé et après les cours elle va le voir.

Elle va s’interroger sur ses origines, le Cambodge oui mais ?

Elle s’aperçoit que son père sait peu de choses de ses origines, par peur, respect il n’a pas poser de questions, s’est intégré en devenant Français.

Il aurait voulu dire ceci à son père :

« Tu vois, je t’ai obéi en tout : je suis médecin, marié et père de famille… A toi maintenant de me livrer les secrets de ta vie d’avant moi. »

« La première partie du plan s’est réalisée parfaitement, on s’est installé à la table d’un des meilleurs restaurants de la ville, j’ai fait étalage de mes réussites… et puis je l’ai regardé. Je l’ai trouvé vieux, fragile, presque ratatiné par les dossiers immenses des chaises, et je n’ai pas pu enchaîner. On n’a presque plus rien dit du repas. Le lendemain, il a déposé une très jolie carte dans notre boîte lettres, sur laquelle il avait écrit : « je n’ai pas réussi à te le dire hier au restaurant, mais je suis très fier de toi. Tu es ma plus belle réussite. » Voilà, c’était comme ça, mes relations avec mon père. »

Garance va donc prendre conscience d’une double réalité : son grand-père est très malade et c’est peut-être à elle de faire la transmission.

Elle va aller de découvertes en découvertes, elle qui n’a jamais imaginé que son grand-père ait pu être jeune.

Un roman très documenté mais sans alourdir le propos, chaque partie a un sous-titre en lien avec le travail d’historien.

L’écriture est habile, avec un vocabulaire soutenu, une qualité de narration indubitable.

Il y a toute l’horreur des Khmers rouges parfaitement relatée sans en rajouter. C’est d’une triste réalité, et amènera adolescents et adultes à voir ce qui se passe actuellement avec les migrants d’une façon plus humaine.

Le récit alterne entre France et Cambodge, avec délicatesse.

Vous découvrirez seulement à la fin de l’histoire ce qu’est le trésor de Sunthy.

J’ai été émue par l’intelligence et l’humanité du texte qui montre que la mémoire, la transmission sont des richesses indispensables à notre évolution pour vivre ensemble.

En conclusion, lorsque l’on croise quelqu’un d’origines différentes il faudrait surement avoir cette réflexion :

« Je fixe cet homme de petite taille, toujours extrêmement courtois, qui a vécu des aventures incroyables et horribles. Que j’ai peut-être croisé dans les rues de Besançon sans me douter un instant de la tragédie qu’a été la première partie de sa vie. Un homme qui a vécu l’Histoire. »

©Chantal Lafon

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